22/01/2011
Madagascar

Tollé contre la redevance sur l'eau

Entreprises et industriels s'indignent contre l'application de la loi
qui prévoit une redevance sur l'eau. Le ministère accepte de négocier
certains cas. L'eau n'est plus gratuite dans le monde et devient une
ressource précieuse. La loi malgache n'échappe pas à ce principe. Elle a
déjà prévu, depuis 2008, la création d'une redevance pour les
entreprises qui génèrent des revenus grâce à la ressource. Après presque
deux années d'attente, l'Agence nationale de l'eau – ANDEA, a commencé
depuis 2010 à réclamer le paiement de cette redevance. Prises de court,
les entreprises notamment industrielles montent le ton et interpellent
sur les répercussions de la mesure qu'elles qualifient de
contreproductive sur leurs activités et, surtout, sur l'inflation.
"L'Andea réclame le paiement de la redevance depuis l'entrée en vigueur
de cette loi en 2008. Le montant est faramineux, et équivaut même au
chiffre d'affaires annuel pour certaines entreprises. Nous ne refusons
pas de payer, mais une discussion est nécessaire pour que la loi soit
adaptée à la réalité"
, déclare un haut responsable au sein d'une organisation patronale.

La redevance touche tous les secteurs d'activité. Elle s'élève à 16
ariary par m3 pour ceux qui opèrent dans le primaire, 81 ariary dans le
secondaire et 8 ariary dans le tertiaire, notamment ceux qui vendent de
l'eau en bouteille. Le problème se situe surtout au niveau des
industriels qui utilisent parfois jusqu'à des millions de litres d'eau.
C'est le cas, par exemple, des centrales hydroélectriques qui consomment
jusqu'à 100 millions de litres d'eau par an. Si le système de redevance
est appliqué, cela équivaut à une révision de plus de 100 % sur le prix
du KWH. "La hausse, évidemment, se répercutera au niveau des clients
c'est-à-dire les consommateurs, sinon nous risquons la faillite.
Aujourd'hui, nous ne sommes pas en mesure de payer"
, révèle un
responsable d'une société opérant dans le secteur. Interrogé sur le
sujet, le ministre de l'Eau, Nihry Lanto Andriamahazo, soutient que le
paiement des droits et taxes en vigueur signifie respect de la loi, de
la bonne gouvernance et la fin de la gabegie, qui est une des causes du
sous développement du pays. Il affirme que la plus grande partie de ce
fonds servira à protéger les sources à travers le Fonds national des
ressources en eau, et qu'un sixième seulement est destiné au
fonctionnement de l'ANDEA. "Cette mesure doit être appliquée. Mais
nous acceptons de considérer certains cas pour juguler la hausse des
prix, par exemple. C'est le cas des centrales hydroélectriques privées,
ou de la Jirama, qui pourront bénéficier d'un échelonnement ou, pourquoi
pas, d'une exemption du paiement de cette redevance"
, rassure le ministre.

Mahefa Rakotomalala, L'Express de Madagascar (Antananarivo) – AllAfrica 19-01-2011